Raggasonic, le duo tant attendu

Publié le par JC 76

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Douze ans après sa séparation, le groupe culte des années 1990 Raggasonic signe son retour sur la Grande Scène, le vendredi soir.

 

À voir l’attente qui règne autour du retour de Raggasonic sur scène, on mesure à quel point le duo a marqué son époque.


Voire à quel point le ragga français – version urbaine du reggae – était resté orphelin à la suite de sa séparation en 1998.

 

L’enjeu de ce retour est à la hauteur de celui de leurs compères de NTM, pour les amateurs de rap, il y a un an et demi.

Si au cours de la précédente décennie Raggasonic pouvait se targuer d’être l’un des rares groupes de ragga engagés, aujourd’hui, l’actualité fait étrangement résonner leurs textes à l’oreille. En 1995, lors de la sortie de leur premier album, honorée d’un double disque d’or, c’est le brûlot Bleu, Blanc, Rouge qui arrive aux oreilles des quartiers. Porte-parole d’une génération qui a vécu la fin des affrontements à Paris entre skinheads d’extrême droite et bandes des banlieues, Daddy Mory et Big Red prennent alors le relais de l’écriture appelant la jeunesse à l’unité. À faire bloc dans une société souvent excluante. De même, sur leur deuxième album, paru deux ans plus tard, le titre Faut pas me prendre pour un âne rappelle que les gamins des quartiers qui se sont pris en main à leur manière en plongeant dans l’économie parallèle ont acté l’abandon de l’État. « Mon nom c’est J.R. et mon quartier s’appelle Dallas / Bonjour le business, adieu la mélasse / Ce n’est pas que j’en suis fier mais je n’ai guère le choix, hélas. » Non sans un brin de provocation, Raggasonic dessine une géographie qui rappelle à la bourgeoisie parisienne qu’elle n’est pas à l’abri d’une prise d’assaut : « La capitale est au beau milieu d’un cercle de feu / S’il fallait le nommer ce serait la banlieue / Si tu vis dans le 16e, tu n’as pas de chance, vieux ! »

 

Témoin de ces quartiers où les drogues dures ont fait leur entrée, en entraînant dans leur sillage toujours plus de violence, Raggasonic évoque tour à tour le pillage de l’Afrique et l’émancipation par la lutte. À une époque où le discours institutionnel a encore du mal à passer, Daddy Mory et Big Red prennent également à bras-le-corps la prévention contre le sida. Suppléés par une incontestable force scénique, ils tournent alors avec le fameux Ruff Cut Band, groupe jamaïquain de Londres.

 

Douze ans après leur séparation, ils reconsidèrent leur envie commune sur scène comme en studio : « Tous les deux, on possède une force unique. Ensemble, on a fait un truc que personne d’autre n’a pu faire. Nous n’avons pas peur de nous retrousser les manches et de repartir au travail. » La Grande Scène devrait donc vibrer au rythme de leurs classiques mais également de quelques nouveaux titres. « On chantera toujours sur la misère des gens. Nous avons des choses à dire et personne ne nous empêchera de le faire. »

Publié dans Fête de l'Humanité

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O
<br /> great and nice post thank you<br /> <br /> <br />
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