Article sur le transport gratuit dans le Paris Normandie: Trop cher le ticket?

Publié le par JC 76

TRANSPORTS. Les communistes voudraient aller vers la gratuité dans les transports en commun. La présidence de l'Agglo s'y refuse. Les Verts n'y voient pas une priorité.

 

Prendre les transports en commun sans débourser le moindre centime. L'idée, de prime abord, paraît alléchante. Surtout en période de crise économique. Dans l'agglomération, on en est encore loin. N'empêche : certains élus y songent. La proposition est partie des jeunes communistes rouennais. Depuis le début de l'année, ils font signer une pétition pour la gratuité des transports. « Nous comptons environ 3500 signataires », indique Gaspard Cassius, coordinateur du mouvement en Seine-Maritime. Les jeunes peuvent compter sur le soutien de leurs aînés. Les élus communistes étudient la faisabilité d'une telle mesure « sociale et écologique ». Une façon d'apparaître comme une force de proposition sur la scène locale.

La mise en place de la gratuité impliquerait des conséquences en cascade. Principal problème : le financement. « La billétique assure un peu moins de 20 millions d'euros de recette », détaille le conseiller transport de Laurent Fabius à l'Agglo. Comment combler ce trou ? Plusieurs possibilités existent. Taxer plus les entreprises ? « Impossible. Nous sommes déjà au taux maximal. Nous serions obligés de ponctionner les ménages », remarque le conseiller du président de l'Agglo.

Yvon Robert, vice-président en charge des transports à l'Agglo, conclut : « La gratuité n'est pas à l'ordre du jour. » Il rappelle que certaines catégories, notamment les chômeurs, en bénéficient déjà. L'ancien maire de Rouen met en avant une politique tarifaire « attractive » à destination des étudiants et des familles nombreuses.
De son côté, le conseiller transport de l'ancien Premier ministre refuse de lier la mise en place de la gratuité à une hausse de la fréquentation : « Aujourd'hui, prendre les transports en commun coûte déjà moins cher que d'utiliser sa voiture. Ce qui fait la différence, c'est la fonctionnalité du réseau. »

Un argument repris par Les Verts. « La priorité, c'est d'investir dans le réseau. A quoi sert la gratuité si, aux heures de pointe, vous ne parvenez pas à monter dans les métros ? », s'interroge Cyrille Moreau, président du groupe Verts à l'Agglo. Les écologistes militent pour la réalisation d'un axe nord-sud en site propre. « 20 millions d'euros, c'est ce que l'Agglo met chaque année pour développer son réseau », indique l'élu Vert. « Ce serait une erreur de se priver de cette ressource. En revanche, il faut développer une tarification sociale. »

Nouvelles infrastructures ou gratuité ? Dominique Hardy, président du groupe communiste à l'Agglo, n'oppose pas les deux. Son groupe souhaite « aller vers la gratuité à l'occasion de la création d'une grande communauté ». Les élus communistes pourront s'appuyer sur d'autres exemples. En particulier celui d'Aubagne (PCF) qui vient d'opter pour le tout gratuit. Autre modèle possible : Châteauroux. En 2001, la collectivité, dirigée par Jean-François Mayet (UMP) est passée à la gratuité. « La fréquentation est passée de vingt-deux voyages par an et par habitant à une soixantaine », se réjouit Paul Pluviau, son vice-président en charge des transports (lire ci-dessous). A Rouen, selon une étude du magazine Que choisir, la moyenne atteint les 80 voyages (chiffres 2006). Un score plutôt médiocre comparé à d'autres aires urbaines de même taille. Montpellier ou Rennes, par exemple, dépassent le seuil de 130 voyages.

Manuel Sanson

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